De jeunes burkinabè résident au Mali disent vivre la crise politique dans ce pays comme l’insurrection populaire de 2014 au Burkina Faso. Ils notent plusieurs similitudes comme la désobéissance civile, le saccage de l’assemblée nationale, la médiation de la CEDEAO, etc.
Au Mali depuis quelques mois, le Burkinabè Moctar Barry dit être au cœur de la manifestation de l’opposition et de la société civile, qui réclament le départ du président Ibrahim Boubacar Keita. Le jeune journaliste dit noter des similitudes avec l’insurrection populaire de 2014 au Burkina Faso à laquelle il affirme avoir pris part. « Je suis au quotidien la crise à travers les couvertures médiatiques. La crise malienne me rappelle celle du Burkina avec la médiation de la CEDEAO, le saccage de l’Assemblée nationale, le saccage de la télévision nationale », explique Moctar.
Des similitudes mais à la différence du Burkina Faso, « Le Mali semble être le dernier rempart dans la lutte contre le terrorisme. Les médiateurs de la CEDEAO se sont donc pris assez tôt dans la gestion de la crise », précise-t-il. « Comme Blaise Compaoré, IBK ne parle pas non plus. Chaque fois qu’il parle, il est incompris. Les anciens camarades qui le soutenaient ne le font plus », soutient l’artisan Mohamed Cissé. Ce jeune malien dit avoir également vécu la crise burkinabè de 2014 alors qu’il était de passage à Ouagadougou pour une prospection de sa participation au Salon internationale de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO).
« Eviter la chute des régimes avant la fin des mandats »
Pour Moctar Barry et Mohamed Cissé, la rue ne devrait pas être un moyen de pression pour la bonne gouvernance. « Partout où le régime a changé par la rue, la suite a été chaotique. D’où l’importance d’avoir des institutions fortes au service du peuple », explique Moctar. « Il faut que l’Etat soit juste. La CEDEAO doit encourager les chefs d’Etat à la bonne gouvernance pour éviter la chute des régimes avant la fin des mandats », ajoute Mohamed Cissé.
Depuis le 5 juin 2020, des manifestants maliens dénoncent entre autres l’impuissance du pouvoir face à l’insécurité, le marasme économique et les conditions de la tenue des législatives. Ce lundi 27 juillet, les chefs d’Etat de la Cedeao en sommet extraordinaire par visio-conférence ont fait plusieurs recommandations dont la démission des 31 députés dont l’élection est contestée, la recomposition de la Cour constitutionnelle, ainsi que la mise en place d’un gouvernement d’union nationale et d’une commission d’enquête pour situer les responsabilités dans les violences qui ont secoué́ le Mali au cours de ce mois de juillet.