Le ministère en charge de la solidarité nationale et de la famille va lancer dans les prochains jours, la deuxième phase de l’opération de retrait des enfants en situation de rue au Burkina. Les invités de l’émission Ya’Débat s’accordent sur le bien-fondé de l’initiative. Par contre, les maîtres coraniques regrettent les méthodes employées, qu’ils qualifient « d’enlèvement d’enfants».
Un seul point d’accord entre les invités de l’émission Ya’Débat : la place des enfants n’est pas dans la rue. Pour le reste, Abdoul Karim Tapsoba, représentant de l’association des maîtres coraniques du Burkina, dit regretter les méthodes employées au cours des opérations de retrait. « La manière même d’arrêter les enfants nous pose véritablement problème. C’est désormais de l’enlèvement d’enfants de la rue qui se fait en plein jour. Ce qui se passe, ce sont des arrestations», fustige le maître coranique.
Romuald Sandwidi, directeur du centre d’éducation et de formation professionnelle de Ouagadougou, dit ne pas être au courant des méthodes décriées par Abdoul Karim Tapsoba. « Les enfants ne sont pas arrêtés, mais retirés de la rue. Un agent social ne peut pas faire de rafle », se défend-il.
Selon Bernard Bougma, journaliste, chef de desk politique à la télévision 3TV, les récriminations et autres critiques portées par les maîtres coraniques visent à relever les insuffisances d’une opération qui a l’avantage d’assainir les rues des villes du pays.
Une responsabilité partagée
Romuald Sandwidi explique que l’on ne devrait plus trouver d’élèves coraniques dans les rues. « Les maîtres coraniques s’étaient engagés avec le ministère, à garder les enfants à la maison pour qu’ils ne mendient pas. Une convention a été signée dans ce sens avec leur association et individuellement avec chaque maître coranique », ajoute-t-il. Il y a toujours des élèves coraniques dans la rue parce que le ministère en charge de l’action sociale n’a pas respecté ses engagements, rétorque Abdoul Karim Tapsoba. « Le ministère s’était engagé à donner des vivres. Mais en deux ans, on a reçu deux fois seulement. Si les autres élèves bénéficient d’une cantine scolaire, pourquoi les enfants des écoles coraniques ne bénéficieraient pas de cette cantine ? », se demande l’un des invités.
Bernard Bougma lui, appelle à la responsabilité de chaque acteur. « Si quelqu’un prend la responsabilité sur lui de prendre des enfants et compte sur l’état pour lui venir en aide, il y a une fuite de responsabilité », estime le journaliste pour qui l’Etat a également la responsabilité de mettre tout en œuvre pour que les centres d’accueil des enfants sortis de la rue, offrent des chances de réussite à ces enfants. « Il y’a un travail à faire sur le mental de l’enfant pour qu’il comprenne qu’il est en train de bâtir son avenir ».
Pour la deuxième phase de l’opération qui aura lieu à Bobo Dioulasso, les invités ont souhaité des concertations avec tous les acteurs.