Des jeunes auteurs burkinabè sont engagés à travers leurs plumes à dénoncer les maux de la société. Cependant, la qualité littéraire laisse parfois à désirer selon certains invités de l’émission Ya’ Débat enregistrée le vendredi 7 août 2020.
« Le rôle du roman n’est pas forcément de dénoncer », affirme avec conviction Philippe Ouédraogo, jeune écrivain burkinabè. L’auteur du roman « Un innocent en enfer » publié en 2019 réfute néanmoins l’idée selon laquelle les jeunes auteurs burkinabè ne sont pas suffisamment engagés. Pour lui, « dénoncer certaines discriminations, c’est de l’engagement ». Cependant, Philippe Ouédraogo estime que les écrivains de sa génération ne sont pas assez connus dans leur pays. « Leurs œuvres ne sont pas très connues parce que de plus en plus, les gens n’aiment pas lire. La chance que nos aînés ont eu, nous n’avons pas cette chance en terme d’attirance », déplore le jeune auteur.
Première femme à publier un roman au Burkina Faso avec son œuvre « Le Mal de peau » en 1992, Monique Ilboudo soutient que le simple fait pour un auteur de prendre la plume est une forme d’engagement. « Ce que je regrette, c’est souvent qu’il y ait de jeunes auteurs aujourd’hui qui se précipitent pour publier sans passer parfois par la relecture », déplore Monique Ilboudo. Pour elle, l’engagement n’est pas forcément lié à une thématique en particulier. « Il y a encore de jeunes femmes qui parlent d’un engagement de la situation politique, la mal-gouvernance mais aussi qui dénoncent aussi le mariage forcé, les discriminations contre les filles », ajoute-t-elle.
Par contre pour Fatou Ghislaine Sanou, critique littéraire et enseignante au département de lettres modernes à l’Université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou, il faut éviter de faire la confusion entre engagement politique et engagement littéraire. « Toute écriture parle d’un engagement, soutient l’enseignante qui poursuit, la culture peut nous amener dans une forme d’engagement. Ce n’est pas parce que je ne me présente pas devant les médias que mes écrits ne sont pas engagés ».
Toutefois, Ghislaine Sanou déplore elle aussi, l’absence de rigueur dans l’écriture dont font preuve certains jeunes auteurs burkinabè. « Il y a des ouvrages aujourd’hui, vous ouvrez, vous regardez et vous vous dites, « qui a osé faire ça ? » On ne peut pas envoyer de telles œuvres dans les classes », se désole-t-elle. Elle invite les jeunes auteurs à faire preuve de modestie.
L’émission Ya’Débat est diffusée tous les samedis à partir de 10 heures sur l’ensemble des radios partenaires du Studio Yafa.