Au Burkina, des jeunes travailleurs syndiqués avouent avoir peur d’éventuelles représailles de leurs employeurs. Coupure de salaires, privation de missions, mise en quarantaine, affectation abusive, …des jeunes burkinabè disent en être victimes. Ce qui entrave certains travailleurs syndiqués dans leur engagement pour l’amélioration des conditions de travail.
« Des dix années de ma carrière de journaliste, je n’ai effectué qu’une seule mission à l’extérieur du pays, au Mali. C’était une mission présidentielle et celui qui devrait le faire était malade. Il n’y avait personne d’autres que moi. J’ai été envoyé par défaut », raconte Dao Souro, journaliste dans un média privé. Il lie cela à son engagement syndical. Zoubaviel David Dabiré, journaliste-reporter, autrefois à la télévision nationale, se tourne désormais les pouces à la direction générale des statistiques et des études sectorielles. Le jeune trentenaire et plusieurs de ses collègues ont été affectés à d’autres directions du ministère en charge de la communication. Quelques mois auparavant, le syndicat auquel ils sont affiliés avaient engagés un mouvement de contestation qui a duré plusieurs semaines. Par ces affectations jugés arbitraire, ce sont de jeunes carrières qui sont brisées et des talents détruits, regrette le journaliste Dabiré.
Pour Rabiatou Simporé, journaliste dans un média public, aux éditions Sidwaya, l’engagement est une question d’endurance. Cette mère de 4 enfants est syndiquée depuis l’université. Des difficultés, elle dit en avoir rencontrées . « Tout ne se passe pas bien. Il y a énormément d’obstacles auxquels je fais face, surtout en tant que femme. Ce sont souvent des nuits blanches, des questions qui taraudent l’esprit, à se demander s’il faut abandonner ou pas », explique-t-elle. Elle ajoute aussi qu’en tant que mère et épouse, les pressions viennent aussi de coté de la famille.
Défendre ses opinions malgré tout
Malgré les représailles faites de coupures de salaires, d’affectations jugées abusives, de privation de mission, des travailleurs restent inflexibles dans leur engagement. C’est le cas de Arouna Louré, médecin. Il lui arrive souvent de vouloir jeter l’éponge. « Si moi j’abandonne, qui luttera pour ce que je crois juste à ma place ?», se demande-t-il, avec conviction. Selon lui, revendiquer de meilleures conditions de vie et de travail pour soi et ses collègues devrait plutôt être encouragé. « Ce pays nous appartient tous. Il souffre énormément des mouvements de grève dus essentiellement à l’incapacité du gouvernement à être exemplaire dans la gestion du bien public et vouloir imposer la restriction chez les travailleurs », tranche le jeune syndicaliste pour qui, toutes les questions d’intérêt commun doivent être discutés en toute intelligence et sans à priori.