Pour la prospérité dans leurs affaires, conquérir le cœur d’une personne, ou simplement dénouer une situation de nombreux jeunes ont recours aux fétiches encore appelés « wack ». A Andemtenga, la cour du « «wakman» ne désemplit pas. Chaque matin, des jeunes prennent d’assaut les lieux, à la recherche d’une formule magique.
C’est une histoire d’amour à Bobo qui se règle à Simba, village situé dans la commune de Andemtenga, région du Centre-Est. Madi cherche une solution pour reconquérir sa femme qui l’a quitté. Laldaogo, le féticheur de Simba semble être son ultime recours, sa béquille morale. « Je gérais un kiosque à Bobo Dioulasso avec ma femme et il y’a un monsieur qui la draguait. J’ai effectué un voyage de 72h et elle a profité de mon absence pour déménager chez son dragueur. J’ai usé de tous les stratagèmes pour la reconquérir en vain. C’est ainsi qu’on m’a conseillé de venir ici qu’il y’aura certainement un dénouement en ma faveur », explique le mari cocu.
Madi n’est pas seul dans la cour du féticheur ce matin-là. Malgré une pluie matinale, il y a du monde qui attend d’être reçu. Les ‘’patients ‘’ sont essentiellement jeunes. « Chaque jour je reçois entre 40 à 50 personnes et même plus. Les jeunes sont les plus nombreux car ce sont des aventuriers », précise celui qui est réputé avoir solution à presque tout.
Certains de ses « clients » viennent de très loin. Sur recommandation. C’est le cas de Pascal Kaboré venu du Sénégal pour témoigner sa reconnaissance au féticheur. « J’étais au Sénégal sur un site d’orpaillage. Et ils sont venus me chasser et prendre mes machines. Désespéré, je suis allé chez mon ami Hamidou. Puis il m’a conseillé de revenir au Burkina chez le féticheur de Simba. Effectivement je suis venu et il a fait le nécessaire. Aujourd’hui j’ai pu récupérer mon matériel et je suis revenu spécialement pour lui dire merci », raconte-t-il.
Laurent est venu chercher une solution magique pour faire prospérer son commerce en berne depuis 5 ans. « Parfois quand je prends mes marchandises, je peine à avoir l’argent investi. Pourtant y’a d’autres personnes qui ont commencé après moi mais qui s’en sortent mieux », juge le jeune désespéré à la recherche de solution.
Pour Blandine Bila, anthropologue à l’Institut de recherche en Sciences de la Santé le «wack »comme recours est surtout lié à l’éducation dans la plupart des sociétés traditionnelles.
« Ces jeunes qui ont grandi dans la rationalité vivent quand même dans une société qui a toujours ses croyances. Du coup, quand ils ont un petit problème, ils vont utiliser leur rationalité mais quand ils estiment que le problème est grand, les dépasse, ils vont se tourner vers d’autres personnes. C’est ainsi qu’ils ont tendance à s’adonner au wack », Indépendamment de leurs croyances religieuses, de leurs appartenances ethniques ou de leurs classes sociales, de nombreux jeunes ont régulièrement recours aux services des féticheurs.