Les bras toujours chargés de livres dédicacés et posant avec les auteurs. Le sourire lumineux en prime. La passion pour la lecture de Wendingoudi Jocéline Jeannette Ilboudo est devenue une entreprise naissante. Elle promeut et vend des livres d’auteurs africains qu’elle a elle-même lus. La stratégie marketing de la jeune fille est bien appréciée par certains auteurs qui trouvent là, un canal de diffusion de leurs oeuvres.
Faire la promotion de livres d’auteurs africains. Wendingoudi Jocéline Jeannette Ilboudo ajoute sa touche singulière. « Tous les livres dont je fais la promotion, je les lis entièrement. C’est ma stratégie marketing», explique la jeune fille. Elle fait également le constat que « les maisons d’édition ne font pas la promotion des livres des écrivains. Ils sont méconnus du public, c’est la raison pour laquelle leurs livres aussi sont méconnus ». Accro des réseaux sociaux, celle qui se fait appeler « Jocé Jocé » sur Facebook décide de s’en servir comme canaux de marketing en 2015. Ce, après une formation en gestionnaire des réseaux sociaux.
Fréquemment elle publie des photos d’ouvrages, aux côtés des auteurs, sur son profil Facebook et sa page « Pensées d’Africains ». Les auteurs dédicacent leurs ouvrages, ce qui crée un lien avec le futur client et lecteur et contribue à lutter contre la copie, explique la jeune fille. Elle se donne ensuite la peine de lire l’ouvrage, de souligner les passages qui l’ont marqué, de faire ressortir les thèmes abordés, d’ajouter un extrait. En un clic, l’ouvrage commence son voyage sur les réseaux sociaux.
« Certains me traitent de prostituée »
Wendingoudi Jocéline Jeannette Ilboudo se fait progressivement un nom dans le domaine de la vente du livre. Certains auteurs n’hésitent pas à la contacter pour s’attacher ses services. Auteur d’un roman (Un rêve brisé) paru en juin 2018 et d’un recueil de poèmes (Florilège de sentiments) publié en novembre 2019, le jeune écrivain Daouda Derra apprécie positivement la démarche de la jeune entreprenante avec qui il travaille.
« C’est difficile de trouver des circuits de diffusion de nos œuvres. C’est en cela que son initiative est originale. Elle a la chaleur humaine et l’accueille qu’il faut. Je lui ai donné un premier stock de romans dédicacés qui est vite fini d’ailleurs. Depuis ce temps, nous travaillons ensemble. A la parution du 2e livre aussi, je lui ai encore envoyé quelques exemplaires », témoigne l’homme de tenue et écrivain.
Des retours qui ragaillardissent la jeune fille qui a souvent eu envie d’abandonner. « Il m’arrive de vouloir laisser tomber. En publiant les photos sur les réseaux sociaux. Certains me traitent de prostituée. ils estiment que les livres sont un prétexte pour moi. Avant ça me faisait mal », se rappelle-t-elle, avec un brin de tristesse. Mais pour l’étudiante en Sciences et technologies, la passion est plus forte que tout. « Chaque fois que je prends la décision d’arrêter, je sens qu’une partie de moi n’est pas là ». Le vœu le plus cher de Wendingoudi Jocéline Jeannette Ilboudo est d’ouvrir une librairie moderne, africaine. Elle l’entrevoit comme une « source africaine à laquelle les gens peuvent venir s’abreuver ».