Des paniers vides. Des plats vides. Des marmites vides. Des symboles de la faim et les expressions d’un ras-le-bol. Le 2 mars, des populations de Djibo ont manifesté pour interpeller l’autorité sur la nécessité de ravitailler la ville qui meurt de faim.
Le temps passe, point de lueur d’espoir à l’horizon. Djibo souffre toujours. De faim. Et de tout ! L’onde de choc se ressent dans cette ville martyre dont les habitants sont pris au piège. Presqu’impossible de sortir alors que les réserves sont épuisées depuis des mois.
Des femmes, des jeunes se sont présentés ce 2 mars au Haut-commissariat de la ville. Entre colère et plaidoyer, les croquants entendaient passer un message pour, ont-ils dit, sauver ce qui peut encore l’être.
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« Au nom de Dieu, il faut que les autorités nous aident. Depuis des mois, ce sont des feuilles de choux que nous avons mangé. Actuellement même les choux, il n’y en a plus. Dans toute la ville, il n’y a plus rien à manger. Avant on essayait de s’entraider, mais tout le monde est dans la même situation actuellement. Personne n’a rien », a crié dans un mégaphone un manifestant.
Cette situation, selon cet autre manifestant, crée des morts pour cause de faim. « Il y a des dizaines de morts chaque jour. En attendant de perdre aussi nos forces, nous interpellons et demandons de l’aide. Il faut que le convoi arrive à Djibo incessamment sinon ça sera tard », prévient-il pendant que des manifestants brandissaient des récipients vides en l’air comme pour dire qu’il n’y a plus rien à se mettre sous la dent.
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« Des enfants ou des vieilles personnes ne peuvent pas marcher à cause de la faim », soupire une dame.
Les manifestants ont prévenu que la ville risque de se vider du reste de ses habitants pour ceux qui auront survécu à la faim. « Les terroristes vont arriver à lever la ville, la population a faim. Il faut que l’autorité fasse quelque chose pour que la population reste à Djibo », a clamé un mécontent.
Le 26 septembre, le convoi de ravitaillement de la ville de Djibo a été attaqué à hauteur de Gaskindé. Depuis lors, le reste du convoi n’a jamais pu rallier sa destination originelle à cause de la menace des groupes armés radicaux sur le tronçon. Le convoi est resté à Bourzanga, pendant qu’un autre attend depuis des mois à Kongoussi.