422 267 personnes déplacées internes dans la région du Centre-Nord pour fait de terrorisme. C’est le plus gros contingent du pays. Cette semaine, c’est dans le quartier général de ces déplacés internes à Kaya, capitale de la région que l’émission hebdomadaire Ya’Débat s’est déportée. Un débat participatif au cours duquel les victimes du terrorisme ont regretté la mauvaise répartition des aides, pendant que des autorités accusent certains bénéficiaires de faire dans la surenchère.
Salamata Sawadogo, a débarqué à Kaya en aout 2019, en provenance de la commune de Dablo. Comme des milliers d’autres personnes, elle a fui les attaques terroristes. Mais une fois à Kaya, la jeune élève qui venait de décrocher son BEPC, a dû arrêter ses études, faute de moyens financiers. « En tant que déplacée interne, je ne me sens pas à l’aise. Les conditions de vie, l’alimentation, le logement et la vie tout court ne sont pas faciles. Je ne continue pas l’école, il n’y a pas de moyens », déplore-t-elle avant de préciser que l’action sociale distribue des vivres certes, mais tous les déplacés n’en sont pas bénéficiaires.
Ces griefs, partagés par moment par le public à travers des acclamations, Valentin Ouédraogo, représentant du directeur régional en charge de l’action humanitaire du Centre -Nord les reconnait. « C’est une triste réalité, mais elle est là», campe-t-il. Mieux, il concède que le problème est imputable à l’autorité. « Il faut qu’on l’assume », martèle l’invité. Mais à la décharge de l’autorité, il note le caractère brusque des attaques terroristes. « La situation a surpris tout le monde et personne n’était préparé. On peut comprendre que l’impréparation face à la crise a pu avoir ses effets », a poursuivi le représentant du directeur qui pour rassurer les élèves déplacés et déscolarisés déclare qu’il a été demandé à toutes les associations œuvrant dans l’éducation de recenser les élèves déplacés en vue d’un plaidoyer pour leur reprise des cours.
Dr Franck Garanet, président de la section locale de l’Association burkinabè d’assistance et de secours populaire (ABASEP) dit avoir constaté les anomalies relevées par la jeune élève Salamata. « (…) c’est exactement ce qu’elle dit », confirme l’invité. Il se veut pourtant réaliste. « Quelle que soit l’aide humanitaire, ça ne peut jamais suffire, au regard de nombre de personnes qui sont dans le besoin », avance le président local de l’ABASEP qui prône la solidarité locale et nationale.
Des déplacés avec des magasins de vivres ?
Par ailleurs, Dr Franck Garanet, pointe du doigt un «sérieux problème» de recensement des déplacés internes en vue de leur prise en charge. Là, Valentin Ouédraogo, n’est pas d’accord. « Il n’y a pas un problème de coordination » coupe-t-il court. Il regrette plutôt l’attitude de certains déplacés internes. « Il y a des gens dont les maisons sont transformées en magasins de vivres. Il y en a qui reçoivent plus que ce qu’ils devraient recevoir. Il y en qui ont déclaré des ménages de 30 personnes, alors qu’ils en avaient 8 », insiste le représentant du directeur régional. « C’est peut-être vrai, mais je n’ai pas vu », répond timidement Salamata Sawadogo. Elle conclue par cette phrase, vœu des déplacés internes mobilisés en grand nombre pour l’émission Ya’Débat. « Si nous pouvions repartir chez nous, nous ne parlerions pas de problèmes de logement et d’alimentation. Nous demandons au gouvernement de nous aider à repartir chez nous ».
L’émission Ya’ Débat est diffusée tous les samedis à partir de 10 heures sur l’ensemble des radios partenaires.