Des produits alimentaires aux qualités douteuses dans les rues de Ouagadougou. Des pâtes alimentaires, des tomates, du couscous, de l’huile de maïs ou du chocolat, importés d’Europe, se vendent souvent à l’étalage dans les rues de la capitale burkinabè. Le tout sous le regard impuissant du Laboratoire national de santé publique (LNSP).
Quartier Kalgondé de Ouagadougou. Sur l’avenue des Arts, près d’une dizaine de point de vente à l’étalage des pâtes alimentaires, de tomates, des chocolats, de l’huile de maïs, d’olive, du sucre pour les diabétiques, du thé, etc. Ces produits ont un dénominateur commun. Ils sont tous importés de l’Europe. Pour certains de l’Italie, de la France et d’autres de lieux non indiqués sur les emballages. Rose Séni, communicatrice est friande de ces produits aux provenances multiples et aux qualités douteuses. Elle vient s’approvisionner presque chaque semaine en produits alimentaires »France aurevoir ». « J’achète généralement les pâtes de tomate, la farine de blé, les semoules, le savon », dit-elle calmement. La jeune dame de 31 ans dit préférer ces produits vendus dans la rue, à ceux vendus dans les boutiques. Selon elle, tant que la date de péremption n’est pas dépassée, c’est bon à prendre. Les inscriptions sur les emballages de ces produits que l’on pourrait qualifier de « friperie alimentaire » sont très souvent en italien, néerlandais, ou espagnol. Mais Rose Séni dit avoir son astuce. La jeune dame explique qu’elle traduit en français avant tout achat.
Contrairement à Rose, Maimouna Balboné, 33 ans est prudente. « J’ai toujours eu des doutes sur les dates de péremption. Ce sont des produits qui peuvent être périmés. Avec la fraude qui a la dent dure dans notre pays, ces produits peuvent être fraudés sans que personne ne les signale », note la jeune dame. Ce qui entretien davantage sa prudence, c’est qu’elle pense que les revendeurs sont capables de gratter les dates pour y mettre de nouvelles plus récentes. « si tu achètes et que ce n’est pas bon, où est-ce que tu peux aller te plaindre », se demande-t-elle. A cause de ces risques encourus, Maïmouna préfère acheter ses boites de conserve et autres aliments dans des établissements plus ou moins sûrs comme les alimentations. Mais là également, nous apprend Charles Bouaré, revendeur, ces produits font de plus en plus leur apparition. « Nous avons des clients qui sont propriétaires de boutiques et d’alimentations et c’est chez nous qu’ils s’approvisionnent », dit-il.
Du poison dans les assiettes ?
Des produits alimentaires importés d’Europe ne sont pas contrôlés par le laboratoire national de santé publique, informe le directeur général Pr Elie Kabré. Toutefois, explique-t-il, tous les produits qui entrent dans le territoire par le circuit douanier et qui sont pris en compte par le contrôle qualité sont également soumis à un contrôle du laboratoire. « Ce qui n’est pas le cas pour les friperies alimentaires » note-t-il avec regret. C’est donc impuissant que Pr Kabré et son équipe constatent la vente des produits alimentaires dans les rues de Ouagadougou. « Le laboratoire nationale ne peut pas descendre dans la rue pour contrôler les aliments. Il y a tout un protocole à suivre. Sinon nous sommes fréquemment interpellés par les consommateurs », explique le DG.
Les revendeurs, pour leur part, rassurent de la qualité des leurs produits. « On prend le soin de vérifier que les produits ne se périment pas avant une année car le convoi prend 3 mois en chemin », explique Assera Compaoré. Trois mois dans des containers, auxquelles il faut ajouter, une exposition à la chaleur et à la poussière dans les rues. Ce qui en plus de l’origine des produits et des dates de péremptions, soulève la question de la conservation de ces produits alimentaires. Pour Moumouni Niaoné, médecin en santé communautaire, les consommateurs devraient faire très attention à ces produits qui suscitent la méfiance. « La ligue des consommateurs devrait aussi se pencher sur ce phénomène de la friperie alimentaire », interpelle Dr Niaoné.