Au Burkina Faso, des voix s’élèvent pour demander la suppression de la cotisation de l’Association des parents d’élèves (APE). Des augmentations jugées disproportionnées de ces frais dans des établissements sont la raison de ce mécontentement. 17 500 F CFA dans certains établissements, alors que les textes en la matière fixent les cotisations à 5000 F CFA. Mais d’aucuns estiment que les parents ne peuvent que s’en prendre à eux-mêmes puisqu’ils refusent de s’impliquer dans la vie des APE, laissant place aux « brebis galeuses ».
En ce début d’année scolaire, des images de reçus de paiement des cotisations de l’Association des parents d’élèves (APE) font le tour de la toile burkinabè. Les auteurs de ces publications enragent contre les augmentations de prix dans certains établissements. Agé de moins de 30 ans, Abdoul Fathao BAGAGNE dans une vidéo, ne cachait pas sa colère. Il invitait les parents d’élèves, les élèves et les étudiants à s’engager dans une « vaste campagne » pour la suppression et le remboursement des frais APE dans les collèges et lycées privés du Burkina Faso. « C’est une arnaque, c’est une injustice qui ne dit pas son nom », clamait-il dans la vidéo. Selon le jeune frondeur que nous avons rencontré, les frais APE ont augmenté dans certains lycées, passant de 5000 à 10 000 ou à 17 000 F CFA.
Selon lui, les promoteurs d’établissements privés ont trouvé le moyen de se remplir les proches. « Dans les établissements privés, il n’y a même pas de secrétariat pour le payement des frais APE. C’est l’école qui récolte les frais. Ce qui veut dire que le bureau APE est non fonctionnel, sinon ce sont les parents d’élèves qui devraient récolter les fonds pour les reverser dans leur compte APE. Ce sont les promoteurs d’établissements qui gèrent l’argent des parents d’élèves. Ce milieu est gangrené de mafieux », enfonce-t-il. Cette colère, Wendyam Zongo, secrétaire général du Syndicat des personnels d’administration et de gestion de l’éducation et de la recherche semble la comprendre. « Nous disons que c’est inadmissible », soutient-il. Mais il pointe aussi la responsabilité des parents d’élèves. « Lorsqu’un parent va à l’école et trouve qu’on a augmenté les frais de scolarité ou d’APE, il doit réagir, il doit demander des explications ».
Des parents démissionnaires
Hector Ardent Raphael Ouédraogo président de l’Union nationale des associations des parents d’élèves du post primaire, du secondaire et du supérieur du Burkina Faso (UNAPES-B) se veut formel. Ces augmentations de frais se font en violation des textes en vigueur. « Le montant des cotisations annuelles dans les établissements, qu’ils soient publics et privés ne doit pas excédé 5000 F CFA par enfants (…) Cela est codifié dans une circulaire à l’issue d’une assemblée générale. Mais, très souvent certains chefs d’établissements ne respectent pas ce qui est décidé, il y a des brebis galeuses partout », explique-t-il.
Dans un complexe scolaire de la capitale, Habi Kabré, censeure, tente une explication. Elle déplore la démission presque totale des parents vis-à-vis de la vie scolaire de leurs enfants. « Les assemblées générales de l’APE sont convoquées, mais personne ne vient. Pour mettre même le bureau en place, c’est tout un problème. Même pour venir prendre les bulletins scolaires, c’est un problème. Certains parents, reviennent à la rentrée, au moment de la réinscription pour constater que l’enfant redouble ou est renvoyé. Ce n’est donc pas la vie de l’APE qui va les intéresser », regrette la censeure. Cela fait dire au président de l’UNAPES-B que « les parents d’élèves ont les bureaux APE qu’ils méritent« . Il est contre la suppression des APE, parce que, soutient-il, ces structures ont un rôle fondamental dans la vie des établissements. Entre autres, elles payent les vacations, des tables-bancs, gèrent les parkings, ou construisent même des salles de classes dans certains cas. Par contre, les « brebis galeuses » devraient être recadrées, préconise Hector Ardent Raphael Ouédraogo.