Un mois de croisade contre le cancer du sein. Octobre rose. C’est ainsi que le 10e mois de l’année est baptisé dans le monde entier pour sensibiliser au cancer du sein. Ce mal qui ronge silencieusement en majorité les femmes, peut être circonscrit grâce à un dépistage précoce. Mais au Burkina Faso, des jeunes filles fréquentent rarement les centres de santé pour se faire dépister.

Après l’anxiété, Awa 25 ans peut maintenant respirer. Elle a pensé au pire, mais les résultats des examens qu’elle vient de passer à l’Association burkinabè pour le bien être familial (ABBEF) la rassure. « J’ai remarqué des écoulements (NDLR, au sein), je suis venue voir s’il n’y a rien de grave, heureusement pour moi on a dit que y’a rien de grave, que c’est normal », dit-elle en souriant. La jeune fille s’en inquiétait, parce que poursuit-elle, « auparavant j’ai subi une intervention de nodule mais ça aussi il n’y avait rien de grave. Quand j’ai vu les écoulements, j’ai paniqué ».

Effectivement, explique la sage-femme de l’ABBEF, Elisabeth Ouédraogo, les écoulements mammaires sont souvent symptômes d’un cancer du sein. Mais pour le cas de la jeune femme de 25 ans, il n’en est rien. « J’ai moi-même essayé de palper pour voir et le liquide n’est pas blanc, c’est un peu seulement. J’ai essayé de lui poser des questions si pendant ces rapports sexuels son copain touche ou suce à ses seins. Parce que si c’est le cas, la plupart des cas il y a un liquide qui va sortir parce que le sein est relié au cerveau, et c’est comme si c’est un enfant qui est en train de téter et le lait est en train de se produire. J’ai essayé de la rassurer que ce n’est pas bien grave et on va surveiller pour voir son évolution », explique la sage-femme.

Plus de peur que de mal alors pour Awa. Mariétou, elle ne peut pas en dire autant. Visiblement triste, le front ruisselant, la voix tremblotante, elle va mal. Veuve et mère de trois enfants, elle souffre depuis quatre ans du cancer du sein. La patiente doit subir six chimiothérapies avant une ablation du sein. « Tout a commencé par un furoncle il y’a 13 ans. C’est le major d’une maternité de la place qui a commencé mes suivis. A la longue ça s’aggravait et il m’a référé à un spécialiste », commente la patiente. Elle avoue que vivre avec un cancer est très difficile. « Nous tenons bon mais ce n’est pas facile. Les calmants que je prenais m’ont causé des ulcères, donc je n’en prends plus ».

Partant de son expérience, Mariétou invite les femmes à prendre au sérieux le cancer du sein en se faisant dépister tôt.
Au cours de l’année 2018, selon des estimations hospitalières, près de deux millions de femmes ont été atteintes de la maladie dans le monde, dont 700 nouveaux cas au Burkina Faso. Des spécialistes de la santé déplorent les réticences des jeunes filles à se faire dépister.